Campo Moro en 1715

Bonjour à tous,
Voici un détail (de Campomoro à Senitosa) d’un dessin de Vinzoni Matteo réalisé en 1719.
A cette époque, les frères Michele et Gio-Paolo Durazzo-Fozzani, les deux fils du premier Durazzo, né à Fozzano, ont une vingtaine d’années. Durazzo di Fozzano a moins de cinquante ans et il est le premier à vivre de manière permanente à Campomoro.
Comme vous l’aurez remarqué, le dessinateur a représenté la tour et son mur d’enceinte, bien haut et bien visible, ainsi que les trois premières maisons Durazzo, celle des maisonnettes, l’actuelle partie centrale du Bar des amis était le logement du Capitaine de la tour, et c’est dans cette maison, dit la tradition familiale, que le tout jeune Napoléon Bonaparte vint rendre visite à sa grand-tante Maria Paolo Buonaparte mariée avec un certain Michele Durazzo. Cette maison fut plus tard vendue et autour d’elles se construisirent d’autres bâtisses qui formèrent ce qu’on appelle les Maisonnettes, les Caseddi (et non les Caselle, comme diraient les gens du nord), formant ainsi un hameau principalement habité par des pêcheurs et des agriculteurs.
Les deux blocs de maisons (ou les deux maisons) du centre du village sont bien distincts, et ne forment pas un ensemble compact comme on le voit aujourd’hui. On a dû combler le vide qui séparait les deux premières, en construisant une nouvelle maison. Le premier d’entre eux, le plus ancien est la maison dont hérita Pirucciu Durazzo, descendant du général Michele, où vivent aujourd’hui Perle et Vincent Fittipaldi. Une deuxième maison, adossée à la précédente, fut construite pour le frère de général Michele, Gio-Paolo, l’ancêtre de la branche des Durazzo du château, avant la construction de ce dernier. La maison dans laquelle se trouve le restaurant de La Mouette ainsi que toute la façade est une construction postérieure, un appicciu adossé à l’ensemble, qui au siècle dernier s’effondra en partie.
La colline visible à droite de la plage est sans doute le Capucciu, qui surplombe le château.
François

Bonjour François,

Le document est intéressant mais je ne te suis pas dans ton interprétation.
Pour moi ce n'est pas la baie de Campomoro que l'on voit mais la partie de la côte située entre la tour de Senetosa et la tour de Campomoro.
Sans doute l'interprétation est-elle rendue difficle parcequ'on arrive pas à lire les légendes.
Je crois discerner, en bas à droite, la mention "Portu di Sampiero Corsu". Est-ce exact ?

François Durazzo a écrit:Bonjour à tous,
On a dû combler le vide qui séparait les deux premières, en construisant une nouvelle maison. Le premier d’entre eux, le plus ancien est la maison dont hérita Pirucciu Durazzo, descendant du général Michele, où vivent aujourd’hui Perle et Vincent Fittipaldi. François

Une précision encore au sujet de cette maison.
Celle qui existe actuellement n'est pas la maison d'origine.
Il eiste plusieurs pièces d'archives qui stipulent que la maison d'origine a été rasée et brulée ("abbrugiata") jusqu'aux fondations par les soldats de la Sérénissime à cause "d'i malfatti" (les méfaits) des seigneurs Durazzo. Une nouvelle maison a été reconstruite en utilisant les pierres de la précédente.

Sampiero Q(uondam) Leonardo de Ciamannacci se plaint dans son testament daté du 24 aout 1770 que ses beaux-frères (Verano et ses frères, fils de Gio Paolo Durazzo) se sont emparés, sans dédommagement, des pierres de la maison brûlée qui lui appartenaient "pour construire d'autres édifices" :

Item confessa e faci fede di aver ressituito tutti li pannanmenti nobili, che erano stimati circa mille lire, al Signor Verano e fratelli, figli del Sig(nor) Gio Paulo Dorazzi, (jndtue ?) dichiara che la casa posta nell luogo detto Campomoro e stata stimata come sopra circa lire mille e quattro cento fù abbrugiata dall uffiziali e soldati della Serenissima Republica di Genova per li malfati delli detti Signori Dorazzi per essere sollivasi e impegnati l’armi contro la detta Republica; senza che il testatore abbia mai dato ne motivo ne causa al sudetto abbrugiamento, (onde ?) pretendo che debba andare a (scarico ?) della succenata dote come de fatto anno di (maritato ?) di accetarla il Signor Gio : Paulo Dorazzo il quale fece stimare le fundamenta senza darcosa alcuna delli quaranta lire che fu stimata al n. Anton Francesco anchi si son serviti di tutta la pietra della detta casa per farme altri edifizij

Cher Nimu,
Tu n'as pas bien regardé le dessin. Campomoro est écrit en toute lettes en haut à gauche de la carte. Quant aux maisons, nous sommes d'accord. Je ne dis pas le contraire, je signale simplement leur emplacement et j'omettais volontairement le détail de sa destruction que je connais bien. La destruction de la maison de Michele à laquelle tu fais allusion fut la conséquence de l'aventure de Michele Durazzo auprès du roi Théodore, sa tête fut même mise à prix, il s'exila et finit par retrouver sa terre et récupérer ses biens.
Bonne soirée,
François

Bonsoir les Cartographes F. Durazzo et Nimu,

Je découvre seulement vos contributions; excusez m'en.

Sur le dessin de Vinzoni, la pointe à gauche est bien celle de Campomro telle que décrite par F. Durazzo. Je serai moins affirmatif sur la chronologie des constructions. J'y reviendrai.

Je reviens au dessin: il comporte une erreur grossière: la pointe à droite n'est pas celle de Senetosa (SINITOSU) mais celle d' Eccica et on distingue d'ailleurs à l'avant l'Isulottu d'Eccica.
On peut reconnaître sur ce dessin posté en tête de rubrique par F. D., de gauche à droite, après la pointe de la Tour, en tenant compte des déformations liées à l'effet d'aplatissement optique lorsqu'on regarde le relief de la mer:
1/ U Scoddu di l'Ochju (I Scoodi Longhi sur la carte IGN);
2/ U Puntonu di Marcughjuvanni (Punta di U Scalonu pour l'IGN);
3/ A Punta di Mannamulina (U Puntonu pour l'IGN);
4/ A Punta d'Eccica, et non de Senetosa.

Le 2e dessin de Vinzoni, que je poste ci-dessous, décrit effectivement la côte de cette pointe (Eccica, donc) à ce qu'il appelle "La Punta di Sampiero Corso" et qui n'est autre en fait que celle de Sinitosu, avec sa tour. Dans le 3e dessin, il parle d'ailleurs de "La Punta della torra di Sampiero Corso".



A doite de la pointe d'Eccica, on peut distinguer:
1/ A Punta di Mont'Albanu ou U Palu d'Eccica, si cher à un branche des Simonpietri, suivi de la Cala d'Arana;
2/ A Punta di a Consula;
3/ U Scoddu di u Labbru (ou La Tortue, pour les révisionistes), ouvrant sur la Cala di Conca;
4/ Sinitosu et sa tour (Punta di Sampiero), flanquée à droite des trois ilôts de la Punta di l'Agula.

Pourquoi le nom de Sampiero donné par un envoyé de Gênes qui n'appréciait guère le personnage?
Il n'y a pas à ce jour trace documentée d'un passage du Bastélicais du côté de Sinitosu.

On sait qu'en juin 1564, venant d'Alger, il débarqua sur la plage de Baracci pour attaquer Sartène et l'anticu Ginuvesi lors de sa seconde tentative de reconquête de l'île.
En revanche, Sinitosu fut le point de débarquement de la flotte du roi d'Alger, Hassan Veneziano, en mai 1583, en vue du fameux sac de Sartène. A la tête de ses fantassins, il avait placé un renégat capcorsin, alias Mammi Corso, qui avait déjà sévi dans la région et qui était une vieille connaissance de Sampiero. Est-ce la raison: je ne me risque pas à l'assurer.
Ce type d'incertitude historique peut se retrouver demain ...

Nicurosu