Retour sur l'origine d'un patronyme

Bonsoir,
Suite au très intéressant éclairage géographique et historique de Ghjattonu sur le patronyme Durazzo, je voudrais lui dire que je suis du même avis sur le fait que dans le choix du prénom DURAZZO par San Severino Fozzani, l'essentiel n'est pas de savoir si le gouverneur génois a été le parrain de son fils cadet. Ce qui est sûr, en revanche, c'est que le Campomorais était en relation, sans doute empathique, avec le représentant de Gênes dans l'île.
A ce propos, il ne me paraît pas inutile de préciser que San Severino servait dans l'armée génoise: en 1670, à vingt ans, il avait déjà été nommé capitaine en raison de ses faits d'armes. Il avait rejoint la terre ferme à la tête d'une centaine d'hommes qu'il avait levés, à ses frais, dans sa Rocca natale. Il s'illustra brillamment maintes fois, par la suite, avec sa compagnie de Corses, dans la guerre de Gênes contre la Maison de Savoie. Mort au combat avant 1677, année où son pére, le Capitaine Polo Fozzani rédigea son testament, il n'eut pas la chance de voir grandir son cadet, né en 1673, qu'il prénomma précisémént DURAZZO.
C'est le fils aîné de ce Durazzo, Michelangelo, né à Sartène en 1698, qui commença à utiliser DURAZZO comme patronyme, sous la forme plurielle DURAZZI, en se faisant appeler Michele DURAZZI FOZZANI (O). Ghjattonu a bien raison de rappeler que ce Michele, avec le titre de "Général", joua les premiers rôles durant l'éphémère reigne de Théodore, mais pas seulement; ce que, soit dit en passant, l'historiographie bienpensante occulte totalement.
Progressivement, fut largué le toponyme FOZZANI, puis repris l'originel DURAZZO. Des esprits, que l'on imagine malveillants, y ont vu une volonté d'adossement aux familles nobles Durazzo de Gênes, forcément de plus "haute extraction". Si ce le fut, il faut bien se dire que c'était dans l'air du temps, de longtemps d'ailleurs: dans leurs négociations toujours recommencées ave la République ligure, les figures historiques - charismatiques, dirait-on plutôt aujourd'hui - du Deçà-des-Monts n'ont jamais cessé de présenter comme l'une de leurs premières revendications la création, pour eux-mêmes, d'une noblesse insulaire reconnue par Gênes. Ils n'y renoncèrent qu'après 1755, lorsqu'ils finirent de seconvaincre, avec Pascal Paoli revenu de Naples, qu'ils navaient plus rien à attendre de la Sérénissime décrépite et qu'il fallait regarder ailleurs.
Mais dans la langue vernaculaire rien n'avait changé:on continuait à dire I DURAZZI, Francescu DURAZZI, ... en plaçant l'accent tonique sur le "A". Excusez du peu Ghjattonu, même i Bilvidiracci savent savent que Rucchisgiani et Talavesi ne peuvent accepter un "O" (comme un "E") dans un mot que s'il porte l'accent tonique;
Ainsi, disent-ils ALIZIONI, LIBARTA, PISCADORI, PACI E SALUTA ...

P.S.: On ne s'est guère soucié jusqu'à ce jour de savoir si les Archives dello Stato di Genova recelaient les noms des hommes qui accompagnaient San Severino dans son expédition ultramarine: en plus de quelques Fozzani et autres patronymes du Viggiani, on y trouverait sans doute de nombreux Ciamanacci et autres noms de familles du Talavu qui ont fait souche dans le bas Pays Sartenais; c'est une faiblesse rémanente de l'historiographie insulaire (et d'ailleurs) que d'ignorer les "gens de peu". Ce serait une pareille faiblesse qu'on pourrait reprocher aux intervenants de ce forum si nous continuons à nous focaliser sur un seul patronyme. L'apport des descendants des Ciamanacci et des autres lignages talavais à l'évolution de la commune, tant sur le plan économique que politique, mérite qu'on s'y intéresse à tout le moins autant. C'est bien sûr un observation que je commence par me faire in peto, comme disait mon oncle curé.

P.S. bis Cher Ghjattonu, savez-vous que votre surnom fut aussi celui d'un maire qui présida pendant une cinquantaine d'années aux destinées de notre enchanteresse Commune?

Cher Nicurò,
Effectivement Don Jacques Durazzo, dit Ghjattonu, né en 1850 à Campomoro fut maire de Campomoro de 1892 à 1930, et laissa ensuite la mairie à son premier adjoint Antoine Dominique Simonpietri, le premier des Simonpietri à la tête de la mairie.
Don Jacques est le grand-père d'André Lorenzi de Bradi et l'arrière-grand-père du propriétaire du Camping de la Vallée et de la gérante du restaurant-épicerie qui lui fait face.
À quand une liste municipale sur laquelle figureraient des descendants des deux plus anciennes familles campomorèses, comme au temps de Ghjattonu?
Je ne sais pas ce qui valut à Don Jacques ce surnom de Ghjattonu. Quant à celui que j'arobre dans ce forum je le tiens d'un homme qui s'appelait Ghjacumu. Comme il était inséparable de son chat (ghjattu) à qui il s'adressait malicieusement en lui sisant "O Ghjà",comme on l'appelait lui-même, on finit par dire, chaque fois qu'on apercevait le chat : "Tè, v'eccu à u ghjattu di Ghjattonu!"
Il n'y a pas qu'un homme qui s'appelle Ghjattonu!

Bonjour Nicurosu et Ghjattonu,

Pour vous en dire plus Ghjattonu portait ce surnom parcequ'il avait, dit-on, un mode d'expression qui lui faisait ponctuer son discours d'onomatopées ressemblant a des miaulements. Ne l'ayant pas connu personnellement je ne puis que vous relater ce qu'on m'a rapporté.

Mais savez-vous qu'avant Antoine Dominique Simonpiétri il y eût, à Belvedere Campomoro, deux autres maires issus de la communauté des "pastori" et autres "lavoratori" :

Jacques Pierre Secondi (dit Zi'Ghjacumeddu) maire de 1884 à 1885, arrière grand-père d'Antoine-Marc Secondi maire actuel de Belvédère Campomoro puis
(Jean ?) Dominique Matteucci (né le 17 décembre 1838 à Tivolaggio ?) qui a ensuite cédé sa place en 1885 à Don Jacques Léonard Durazzo (né le 6 novembre 1850 à Campomoro), dit Ghjattonu.

Intéressant non ?

Nimu

nicurosu a écrit:P.S.: c'est une faiblesse rémanente de l'historiographie insulaire (et d'ailleurs) que d'ignorer les "gens de peu". Ce serait une pareille faiblesse qu'on pourrait reprocher aux intervenants de ce forum si nous continuons à nous focaliser sur un seul patronyme. L'apport des descendants des Ciamanacci et des autres lignages talavais à l'évolution de la commune, tant sur le plan économique que politique, mérite qu'on s'y intéresse à tout le moins autant. C'est bien sûr un observation que je commence par me faire in peto, comme disait mon oncle curé.

P.S. bis Cher Ghjattonu, savez-vous que votre surnom fut aussi celui d'un maire qui présida pendant une cinquantaine d'années aux destinées de notre enchanteresse Commune?

Bonjour Nicurosu,

Je te rejoins sur ce point.
Par exemple sans les Lorenzi (attention, je parle ici d'"I Calzoli"). Belvédère serait resté une terre maudite du fait des razzias barbaresques.
Les Lorenzi descendus de Zicavo pour jouer le rôle de métayers des Fozzani ont contribué à repeupler les environs de ce hameau.
Leur réussite sociale s'est soldée par leur alliance matrimoniale avec leurs anciens employeurs à la fin du 19 ème siècle.

Nimu